Théâtre du Grütli

La Paranoïa

de Rafael Spregelburd

03.03 22.03 2015

Quand le monde des hommes aura épuisé toutes ses fictions, que restera-t-il aux extra-terrestres pour se nourrir ? Il n'y a que Rafael Spregelburd pour se poser ce genre de question. Les gens normaux la balaieraient d'un revers de coude. Mais les gens normaux sont de nature à croire que 2 et 2 font 4, ce qui témoigne d'un déplorable manque d'imagination. L'auteur argentin, lui, en déborde. On a pu le constater avec La Terquedad la saison dernière au Grütli. Cette fois-ci, Frédéric Polier s'attaque à un autre chapitre de l'Heptalogie de Hieronymus Bosch : La Paranoïa. Comme il est impossible de résumer une intrigue qui divague hors des champs cartésiens de l'esprit, on préfère vous proposez une devinette. Qu'est-ce qui est le plus incroyable : une équipe de choc réunie dans un hôtel uruguayen pour inventer une histoire inédite destinée à sauver l'espèce humaine ou bien un être qui vit et meurt sur une sphère de feu et de matières précipitée dans l'espace à la vitesse de 108 000 km/h ?


Rafael Spregelburd est né à Buenos Aires en 1970 et arbore désormais une belle barbe noire. Commencée en 1996, son Heptalogie de Hieronymus Bosch est une série de sept pièces indépendantes inspirées par le tableau des Sept péchés capitaux de Jérôme Bosch. D'une manière plus précise, l'œuvre du dramaturge résiste à toute classification : courbant l'espace, tordant les chronologies et triturant les langues, elle s'élance au-delà des codes de narration habituels pour tutoyer des univers non aristotéliciens. Comme Rafael Spregelburd ne manque pas d'humour, ces « déplacements » dans le temps et la dramaturgie s'effectuent sur un mode drolatique et très souvent absurde. Depuis la fin des années 1990, traduite en plusieurs langues, son oeuvre s'est faite connaître en Europe, en particulier en Espagne, en Allemagne et en Angleterre.
 

Le Théâtre du Grütli en pleine parano !

 

Pour le Théâtre du Grütli, parler de La Paranoïa est un exercice quasi... schizophrénique ! En effet, ce projet est mené par le directeur des lieux, Frédéric Polier. Lequel n'a pas eu de mal à convaincre toute son équipe de soutenir ce qui, déjà, s'annonce comme l'une des grandes aventures épiques de la saison. 

Entre Rafael Spregelburd, l'auteur argentin de La Paranoïa, et Frédéric Polier, c'est déjà de l'histoire ancienne. La rencontre sur scène date en effet de l'adaptation de La Terquedad (L'Entêtement) il y a tout juste un an. Féru de mathématique, adepte d'un humour décalé et de télescopages dramaturgiques sur fond de distorsions spatio-temporelles, Rafael Spregelburd avait tout pour séduire le metteur en scène du Maître et Marguerite. Si le courant passe aussi bien entre les deux, c'est qu'ils affichent une même détermination à relever des défis théâtraux qui ne cèdent jamais aux sirènes de la mode.

Chez Rafael Spregelburd, la transgression n'est pas une posture. Elle ne consiste pas à épater le bourgeois. Elle réside essentiellement dans la manière, ludique, que l'auteur a de titiller notre intelligence pour l'inviter à explorer de nouveaux territoires. Elle propulse le spectateur dans des sphères non euclidiennes qui s'entrechoquent les unes contre les autres. Mille lectures sont proposées et toutes sont valables puisqu'au final tout dépend du point de vue.

Soyons honnêtes : La Paranoïa ne se livre pas facilement. Disons qu'elle nécessite de baisser la garde et d'accepter l'idée que le plus court chemin de A à B n'est pas forcément la ligne droite. Ajoutons à cela que la pièce joue allègrement des codes du divertissement pour mieux en pointer les limites. Bref, La Paranoïa reste une expérience théâtrale qui se dérobe à chaque fois qu'on croit la saisir. En cela, elle questionne notre rapport au théâtre, à la fiction, au réel. En cela, aussi, elle confirme sa parfaite adéquation avec ce statut que revendique le Théâtre du Grütli : être un espace de création ouvert à tous les possibles. 


La Paranoïa sur leprogramme.ch
La Paranoïa vue par Thierry Sartoretti sur Vertigo
La Paranoïa sur GeneveActive interview de Frédéric Polier

Mardi, jeudi et samedi à 19h, mercredi et vendredi à 20h, dimanche à 18h
Durée du spectacle 3 heures (environ) avec entracte 

Ce spectacle a lieu dans la Grande salle (sous-sol)


Les Amarrages :

 

> Vendredi 13 mars à 18h

"Le théâtre de science fiction".

Rencontre avec Brigitte Prost, critique dramatique et Maître de conférence à Rennes 2

 

 

> Mardi 17 mars à 18h

"La conscience dans tous ses états".

Rencontre avec Claire Braboszcz, neuroscientifique au CISA

 


Texte Rafael Spregelburd Traduction Guillermo Pisani, Marcial Di Fonzo Bo

Mise en scène Frédéric Polier 
Assistanats Charlotte Chabey, Mirko Verdesca Dramaturgie Lionel Chiuch
Scénographie Jean-Michel Broillet

Lumières Nieth Leang S’Rey Conception son Graham Broomfield 
Costumes Eléonore Cassaigneau Assistanat Costumes Samantha Landragin 
Maquillages Arnaud Buchs Réalisation Jean-Alexandre Blanchet 
Conception vidéo François Béraud Chef opérateur Didier Petitpierre 

Cadreur Kevin Haefelin Preneur de son Yousseff Kharbouch

Jeu Jean-Alexandre Blanchet, Camille Giacobino, Pietro Musillo
Madeleine Piguet Raykov, Julien Tsongas


 


 

Création.
Production Atelier Sphinx Avec le soutien de la République et canton de Genève, Loterie Romande, Fond d’encouragement à l’emploi des intermittents genevois, Fondation Leenaards
Co-production Théâtre du Grütli

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